Engins radiocommandés : A l’aise dans les pentes
Publié le 11/10/22
Encore confidentiels il y a 10 ans, les engins de pente radiocommandés sont de plus en plus présents dans le paysage français. A l’aise dans les pentes, ils permettent de concilier sécurité et productivité sur ces chantiers très accidentogènes.Tour d’horizon de l’offre qui s’élargit d’année en année.
En seulement dix ans, le marché français des engins de pente radiocommandés a considérablement évolué. Au démarrage, le nombre de marques se comptait sur les doigts d’une seule main : le Spider du tchèque Dvorak importé par la société MGE Green Service, les Roboflail des allemands Niko/KommTek distribués à l’époque par ATC Vert-Tech, le Deltrak de l’allemand Irus distribué par les Etablissements Paget puis Saelen et le Speedy Cutter de l’espagnol Rotair distribué par ACP Matériels. Le marché s’est ensuite progressivement étoffé, avec une explosion de l’offre ces dernières années. Aujourd’hui, on compte près d’une trentaine de marques présentes sur ce segment en France.
D’après une estimation donnée dans le magazine « Moteurs & Réseaux » (n°90 de mai 2022), il se vendrait ainsi plus d’une centaine de modèles de plus de 40 ch chaque année en France, avec une croissance estimée à 20 % en 2021.
Les atouts des engins radiocommandés
Interventions dans les pentes
Dotés d’un centre de gravité très bas, ces matériels peuvent s’aventurer dans des pentes de plus de 45°, inaccessibles aux autres matériels. Les engins radiocommandés simplifient ainsi l’entretien des talus d’autoroutes et de voies ferrées, les abords des ouvrages d’art, les bassins de rétention, les berges de cours d’eau…
La sécurité des opérateurs améliorée
L’opérateur pilote la machine à distance via une télécommande radio. Fini donc les interventions dans les pentes à la débroussailleuse, très accidentogènes (chutes en hauteur et chutes de plain-pied).
La commande à distance permet également de supprimer les TMS (troubles musculosquelettiques) liés à l’emploi prolongé d’une débroussailleuse, les risques pour l’opérateur liés aux projections et supprime enfin son exposition au bruit, aux vibrations et au gaz d’échappement des matériels portatifs.
Une productivité accrue
En matière d’entretien de talus, il est régulièrement admis qu’une débroussailleuse radiocommandée a un rendement comparable à 4 ou 5 ouvriers équipés de débroussailleuses portatives.
La très faible hauteur de certaines machines leur permet également d’intervenir sur des marchés de niche comme l’entretien des champs de panneaux solaires ou des sapinières.
Enfin, leur faible pression au sol leur permet d’intervenir en zones sensibles.
Des matériels de plus en plus polyvalents
Si les premiers modèles se destinaient exclusivement au débroussaillage de talus, l’offre d’accessoires s’est progressivement étoffée, notamment pour les modèles les plus puissants qui sont devenus de véritables porte-outils.
Aujourd’hui, il n’est pas rare d’avoir plus d’une dizaine d’outils au catalogue des fabricants. On trouve ainsi des broyeurs d’herbe, des broyeurs forestiers à marteaux, des plateaux de tonte, des barres de coupe, des broyeurs de branches, des rogneuses, des trancheuses, des brosses, mais aussi parfois des godets, des fraises et herses rotatives, des treuils forestiers, des fraises à neige, des pulvérisateurs, des treuils forestiers…
Les principales caractéristiques à regarder
Pente admissible
La pente maximale admissible varie de 40° à 60° en fonction des modèles.
Le gros de l’offre est composé de machines capables de travailler dans des pentes allant jusqu’à 55° (143 %).
Dans les modèles affichant « seulement » 40° de pente admissible, on trouve les Spider (mais leur capacité peut être portée à 55° en les arrimant avec le treuil hydraulique intégré) et le modèle Agria 9500-70 en version de base (qui monte à 45° en version Premium). A 45°, on trouve les X-Rot de Barbieri, le RCBE 80 d’Iseki, le RoboFlail Vario 50 de Rapid et le Robofox de Peruzzo.
A l’opposé, MDB et Irus sont les deux constructeurs qui annoncent la plus forte accroche dans la pente, avec une gamme de machines pouvant s’aventurer sur des talus à 60°.
Le chiffre donné est évidemment variable en fonction du sol (baisse de performance sur un sol meuble) et des équipements de traction montés sur la machine (détaillé plus loin).
Certains constructeurs précisent parfois la pente maximale en déplacement latéral et celle en déplacement frontal car ces engins sont souvent moins stables quand ils évoluent face à la pente.
Prestations
Le marché se divise en trois catégories de machines :
- Les « petits » modèles qui se destinent plutôt à de la tonte ou du débroussaillage léger :
- Des modèles à lames rotatives : Spider, Agria 9500 et 9600, Barbieri X-Rot, Kersten Hycut, Ecotech E27…
- Des modèles équipés d’un broyeur avant à fléaux : AS Motor AS1000, Timan RC751 et RC1000, RoboFlail One de Rapid, Robofox de Peruzzo,…).
- Les modèles plus puissants, qui deviennent de véritables porte-outils grâce à une gamme d’accessoires extra-large: on mettra dans cette catégorie les machines d’Antolini, Bomford, DCMA-Dario, Energreen, Irus, Lagarde, McConnel, MDB, Pkfanzelt Maschinenbau et Rapid pour sa gamme Vario.
Puissance et type de motorisation
La puissance de ces machines s’étale de 10 à 75 ch, c’est dire l’hétérogénéité de l’offre.
On trouve ainsi des motorisation essence mono- ou bi-cylindre allant de 10 à 30 ch. Généralement plus polyvalents, les modèles diesel reçoivent des motorisations 3 ou 4 cylindres allant de 25 ch à 75 ch. Les modèles les plus puissants, culminant à 75 ch, se trouvent chez Antolini (AV75), FAE (RCU-75), McConnel (RoboCut RC75), Pkfanzelt Maschinenbau (Moritz FR75) et Hymach (HerbHy 75), décliné sous les marques DCMA, Lagarde et Bomford.
Les motorisations électriques ou hybrides commencent à arriver. Ainsi, Raymo, nouveau venu sur ce segment de marché, propose une machine pouvant recevoir, au choix, un module 100 % électrique à batterie ou un module hybride associant un moteur thermique et une batterie. Le Robofox de Peruzzo est également proposé en version 100 % électrique (Robofox Electra) et en version hybride à traction électrique (Robofox Hybrid). Kersten fait aussi le pari de l’hybride avec son Hycut 1100, dont le moteur essence alimente un pack de batteries par l’intermédiaire d’un groupe électrogène. Enfin, Agria a opté pour un entrainement électrique des chenilles sur l’ensemble de ses modèles. Un modèle 100 % électrique est aussi annoncé du côté de Spider.
Radiocommande
Si les constructeurs annoncent des portées comprises entre 100 et 300 m, il faut garder à l’esprit que l’opérateur doit toujours garder la machine dans son champs visuel. Par conséquent, ce n’est pas un critère clé. En revanche, la communication radio entre le boîtier de commande et la machine est primordiale. Certains constructeurs proposent ainsi une communication multifréquence, qui change automatiquement de canal lorsque le signal initial se détériore. En cas de perte de signal, la machine se met en sécurité et s’éteint.
Plus ou moins complexes, les boîtiers possèdent généralement deux joysticks proportionnels (un pour l’avancement, l’autre pour le pilotage de la direction et de l’accessoire), un bouton d’arrêt d’urgence et, pour les boitiers récents, un écran couleur, qui permet notamment d’informer l’opérateur sur l’état de la machine (niveau de carburant, température du liquide de refroidissement, angle de pente critique…).
Parmi les fonctionnalités intéressantes des boîtiers, on relève :
- L’ajustement de la vitesse maximale d’avancement
- Un ajustement différentiel des vitesses des chenilles pour conserver une ligne droite malgré la pente
- La possibilité d’inverser le sens de rotation du rotor pour pouvoir travailler dans les deux sens
- L’inversion des commandes pour simplifier le pilotage de la machine sur le trajet retour.
Chenilles / Pneus
La très grande majorité des engins de pente sont chenillés. Ils sont généralement proposés, de série, avec une monte en caoutchouc offrant une bonne polyvalence (les profilés peuvent être plus ou moins marqués pour privilégier soit le respect du sol soit l’adhérence). Pour augmenter la capacité de grimpe de la machine ou faciliter son évolution dans de la végétation dense, l’utilisateur peut aussi opter pour une monte spécifique équipée de barrettes en métal. En plus des barrettes, les chenilles peuvent aussi recevoir des picots métalliques particulièrement efficaces sur les sols humides.
Certaines machines sont en outre équipées, de série ou en option, de voies variables, qui leur permettent d’accroître la largeur de l’empattement latéral afin de gagner encore en stabilité dans les pentes et/ou de pouvoir recevoir des outils plus larges (RoboFlail One, Deltrak, Antolini, FAE, Hymach et ses déclinaisons, MDB, RoboEvo Vario). Le modèle RoboFlail Vario25 propose en plus un réglage de la hauteur du bloc moteur pour augmenter la garde au sol de la machine, qui passe ainsi plus facilement sur les terrains très accidentés. Enfin, le modèle HerbHy Z60 est équipé de chenilles à voie variable et inclinable, à l’image de ce qui se fait pour les broyeurs de branches chenillés.
Beaucoup reçoivent un tendeur de chenille automatique, qui permet d’obtenir la tension optimale et simplifie les opérations de maintenance.
Les modèles avec une monte pneus sont peu nombreux : les Spider, le Raymo Torpedo et le Irus Quatrak. Évidemment proposés en 4 roues motrices, les deux premiers proposent un rayon de braquage zéro sur leurs machines alors que le Quatrak embarque, lui, 4 roues directionnelles pour réduire le rayon de rotation en bout de ligne droite.
Poids
Là aussi, l’écart est important avec des engins de quelques centaines de kilos et d’autres affichant plus de 2 t sur la balance avec un broyeur.
Les modèles les plus légers sont le Spider Xliner et ses 175 kg, puis le Torpedo et le X-Rot avec leurs 250 kg. Du côté des poids lourds, on notera le modèle de 75 ch de chez Hymach, et ses 2,2 t sans accessoire, et le RCU-75 de chez FAE qui culmine à 3,5 t avec son broyeur forestier (ci-contre).
Autres fonctionnalités intéressantes
Proposées de série ou en option selon les constructeurs, ces fonctions peuvent se montrer utiles :
- Déport latéral de l’outil : certains fabricants proposent un déport hydraulique à gauche et/ou à droite sur leur groupe de broyage, ce qui peut être intéressant pour soigner les finitions en bordure de clôture ou de glissière d’autoroute.
- Radiateur : Au niveau du bloc moteur, il est important d’avoir un radiateur suffisamment dimensionné pour permettre un bon refroidissement de l’ensemble durant les interventions estivales. Par ailleurs, certains constructeurs proposent un ventilateur réversible (en fonction automatique ou manuelle), une fonction qui peut se montrer intéressante pour évacuer régulièrement les débris qui se sont accumulés sur la grille du radiateur.
- Protection renforcée du radiateur ou blindage intégral : il peut être intéressant de protéger la grille de radiateur arrière, point sensible de ces machines ; pour les travaux forestiers, certains fabricants proposent des armatures complètes en acier.
- Crochet de levage : utile pour déposer la machine sur une parcelle inaccessible ou particulièrement difficile d’accès.
- Huile biodégradable : ces machines pouvant être amenées à intervenir dans des milieux sensibles, certains constructeurs proposent une huile hydraulique biodégradable de série ou e option.
- Phares LED : utiles pour étendre les horaires d’intervention.
L’offre disponible sur le marché
Pour vous aider à identifier rapidement le modèle correspondant le mieux à votre besoin, nous avons essayé de classer les marques présentes aujourd’hui en France par typologie de prestations ciblées :
Tonte et débroussaillage léger
- Agria
- AS-Motor
- Barbieri
- Ecotech
- Fort
- Hycut
- Irus
- Iseki
- Kersten
- Noremat
- Peruzzo
- Rapid
Raymo - Rotair
- Spider
- Stella
- Timan
Débroussaillage lourd (et autres prestations)
- Antolini
- Berti
- Bomford
- DCMA
- Energreen
- FAE
- Ferri
- Herder
- Hymach
- Irus
- Lagarde
- McConnel
- MDB
- Pfanzelt Maschinenbau
- Rapid
Remarque : certaines marques peuvent se retrouver dans les deux colonnes en fonction des modèles considérés.
Pour aller plus loin :
- Cas pratique : PréventionBTP détaille dans cet article les atouts de ces engins en matière de sécurité et le bilan économique de cet achat pour l’entreprise interrogée.